Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/402

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les hommes, et agir sur eux, — agir par eux, agir contre eux, s’il faut, afin d’agir pour eux ! Savoir commander et obéir : les deux pôles… (Il faut les deux pôles, pour faire le globe…)

Assia, non moins ennemie que lui des dos noirs, ne dissimulait pas son intérêt pour l’expérience fasciste. Chez elle, la violence du combat, même mortel, n’excluait pas un fond de sympathie pour l’adversaire qui était de taille. Elle n’avait de réelle aversion que pour ceux qui se dérobent au combat, ceux qui se masquent, ceux qui s’enduisent d’un vernis d’huile pour échapper, pour les visqueux, les serpents d’eau qui vous glissent entre les mains, pour les eunuques, pour les impuissants, pour les amorphes. — Le fin Zara captait en elle l’attrait sous l’animosité. Il manœuvrait son miroir aux alouettes : cette flambée d’agir surexcitée dans les cervicaux de la jeunesse italienne par le soleil noir, que recouvraient en le répercutant les milliers d’ailes des avions, la couvée d’oiseaux rapaces de Balbo. Il engageait les deux jeunes gens à venir tâter le pouls accéléré de cette jeune Italie, que l’on connaît mal, à l’étranger, et dont le fascisme a fait l’élevage, non pour l’étable, mais pour l’arène, comme les taureaux. — Assia n’avait point de peine à apprécier cette flamme d’action entretenue, même sous une forme agressive, qui les groupait en une armée prête à la marche contre l’ennemi…

— « Mais qui, s’il vous plaît, était l’ennemi ? »

Ses yeux d’acier ne se laissaient pas leurrer par le miroir à prendre les sots…

— « Ces va-t’en-guerre, contre qui vont-ils, et contre quoi ? Et pour qui, pour quoi, vers quoi ? Où allez-vous ? Le savez-vous ?… Je ne dis point vous, monsieur Zara, il est probable que vous le savez, je ne suis pas assez indiscrète pour m’informer ; — mais