Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/404

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— « Rien pour moi ! » dit Assia. « Je viens d’ailleurs. Et je n’ai pas besoin d’ « animateur ». Je suis une Scythe. Et le combat que nous livrons en U. R. S. S. n’est pas pour tailler la statue d’un « M’as-tu vu ? ». Nous combattons pour tous les hommes, pour un meilleur avenir. »

— « Et en attendant », dit Zara, « le présent est pire. »

— « Je ne l’échangerais contre aucun autre », dit Assia. « Il est comme quand j’avais mon petit dans mon ventre. Il porte l’avenir. »

— « À chacun donc son plaisir ! » fit le banquier, avec un sourire charmant. « À vous, madame, le bel enfant — l’avenir ! Je me contente du présent. »

Ils se quittèrent très bons amis, — puisque, Dieu merci ! l’occasion paraissait exclue qu’ils eussent à être ennemis. Chacun avait son champ séparé. Les petits jeunes gens paraissaient à Zara inoffensifs : (il ne connaissait de Marc aucun écrit). Une mutuelle courtoisie faisait passer sur les différends d’opinion, comme sur des thèmes d’entretiens de société. Le seul sérieux de la rencontre tenait, pour Zara, au geste sauveur de la femme qui avait arraché sa fillette à la mort. Le sentiment de la famille était, chez lui, l’unique passion qui échappât au scepticisme. Son vif regard, qui s’amusait aux discussions de ces interlocuteurs de rencontre, sans y prêter quelque importance, ne s’attachait vraiment qu’à la personne d’Annette, qu’il enveloppait de sa gratitude ; et la jeune couvée Rivière en bénéficiait. Ils les engagea à visiter l’Italie, et il les invita chez lui, à Rome. Il se mettait à leur disposition pour toute occasion où il pourrait leur servir. Il ne semblait point qu’ils eussent à user de sa complaisance. Leur plan de