Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/456

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— « C’est accompli !… »

Oh ! pas par lui, le pétrifié, l’impuissant, le muet ! Il n’y avait qu’à regarder la pâle intercédante, celle qui avait reçu la demande et rapportait la réponse, — son air vaincu, ses mains de défaite :

— « Je n’y peux rien !… »

— « Alors, pourquoi est-ce qu’on te prie ? »

Sylvie repoussa violemment son prie-Dieu ; et dans le mouvement qu’elle fit pour se relever, le prie-Dieu tomba. Mais elle n’entendit pas le bruit de la chute qui se répercutait. Elle entendait, dans le tonnerre de son crâne, la piteuse excuse :

— « Je n’y peux rien. C’est le Destin… »

— « Et tu te dis Dieu !… Menteur ! Menteur !… Chien du destin ! Chien !… »

Elle parlait tout haut. Par bonheur, peu de dévots à l’entour. On n’entendait qu’un grondement, sans distinguer… Le bedeau, attiré, de loin par les éclats, arriva pour voir une femme furieuse, qui sortait, bousculant les chaises sur son passage.

Sylvie se retrouva sous le ciel mort, au-dessus du cercle de la ville morte. Et elle redescendit, en titubant, l’âpre escalier des Sept Douleurs. Il y en avait une de plus, à cette heure !… Elle se crispait à la rampe, pour ne pas rouler… Elle arriverait bien assez vite, en bas ! Elle savait ce qui l’attendait. Étrangement, elle n’avait plus un doute. En fait, pourtant, elle ne savait rien de plus que quand elle était montée… Elle savait tout ! Il eût été inutile d’en discuter avec elle… À mesure qu’elle descendait, sa rancune contre ceux d’en haut tombait. Ils ne pouvaient rien, ils étaient des vaincus, comme elle, — comme tous ces pauvres idiots, qu’elle voyait monter, à leur tour, ainsi qu’elle était montée, une heure avant. Elle avait seulement envie de leur crier :