Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/457

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— « N’y allez pas ! Ceux de là-haut ne sont pas capables de s’aider. Comment est-ce qu’ils pourraient vous aider ? Vous voyez bien qu’il est mort aussi, le Fils de la Femme, leur Fils de là-haut !… »

Mais à mesure qu’elle descendait, avec sa colère, le dernier reste de ses forces tombait. Elle se traînait. Avec une peine inouïe, elle atteignit son logis. Malgré son orgueil obstiné à ne jamais demander secours à d’autres, elle dut dire à la concierge qui flânait sur le pas de la porte :

— « Madame Boireau, voulez-vous m’aider à monter ? »

Elle n’entendit rien de ce que la brave femme lui disait. Mais sur le palier du second, elle trouva George, qui l’attendait. Elle en était sûre.

George était en noir, et pleurait. Sylvie ne pleura pas. Elle dit :

— « C’est toi, George ? »

Elle congédia Mme Boireau, qui n’eût pas été fâchée de rester. Elle dit :

— « Attends que je trouve mes clefs ! »
ouvrit, entra, referma. …Et quand elles furent toutes les deux seules dans sa chambre, et que George, ne retenant plus ses sanglots, tendant les bras, balbutiait :

— « Sylvie… Sylvie… »

Sylvie lui dit :

— « Oui, oui, je sais… »

Elle se laissa tomber dans son fauteuil, blême, épuisée, les yeux fermés, presque morte.

Et alors, elle dit :

— « Maintenant, raconte ! »