Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/519

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— « Mourir du mal, ou du médecin !… Va pour le mal ! »

Il l’approuvait. Il se savait lui-même condamné par une affection des reins qui ne pardonne pas. Mais il n’en parlait à personne, et continuait de poursuivre sa chasse, comme s’il devait vivre éternellement. Il eût donc laissé Annette poursuivre la sienne, s’en remettant à son expérience de gouverner son bâtiment. Mais il mit pourtant le holà à son activité dans les meetings et les comités. Ici, sa consigne de médecin était d’accord avec son antipathie pour l’action sociale d’Annette : bonne occasion, pour la boucler ! Son antidémocratisme se doublait d’une aversion particulière pour la toquade des femmes qui s’immiscent dans la politique. Annette ne s’y trompa point ; naturellement, elle s’obstina. Mais le mal se chargea de la rappeler à la raison. Elle avait trop de bon sens pour persister. Elle détela. Philippe eut le triomphe immodeste.

— « Ne vous hâtez point », lui dit-elle, « de chanter victoire ! J’ai plus d’une corde à mon arc. »

— « Mais vous n’avez, l’amazone, que vos deux bras pour le bander ! »

— « Vous vous trompez. Je m’en suis fait d’autres. »