Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/630

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Annette envisageait nettement les dangers et les souffrances qui attendaient ceux qu’elle aimait, — ses enfants, ses amis, les siens. On n’était pas sans le lui rappeler. Le Dr Villard, Julien Davy. Ils étaient surpris de sa tranquillité. Elle ne trouvait pas que ses enfants fussent tellement à plaindre !… Philippe Villard, irrité, ne lui cachait pas que son parti ne ferait pas grâce à Annette et à son parti. Elle l’entendait bien ainsi ! Mais ils savaient qu’ils seraient morts tous les deux, avant le combat. Et ils se défiaient, avec un sourire de guerre et d’amitié.

Le pessimisme habituel de Julien Davy était renforcé. À son dernier retour d’Amérique — (c’était au lendemain du cyclone hitlérien ; le socialisme s’était écroulé en Allemagne, comme un château de cartes ; les chefs s’étaient rendus sans combat : la défaite des défaites !…) — Julien exprimait son anxiété de l’écrasement qui menaçait les libertés d’Occident… Annette se montrait calme et souriante. Elle ne jugeait pas comme un malheur irrémédiable que ce que l’on défend subît une défaite. Le malheur irrémédiable serait que cette défaite fût acceptée…