Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/90

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trois ou quatre marches… Mais son orgueil se ralluma. Elle savait que l’autre orgueil serait intraitable… Non, elle ne s’abaisserait pas à supplier…

— « C’est toi qui me chasses. Adieu donc ! Je ne reviendrai que si tu me rappelles. Si pour jamais, va pour jamais ! »

Elle redescendit, le feu aux joues, avec la trace des larmes mal essuyées. Ses pieds de chèvre faisaient claquer sous leurs talons les marches cirées de l’escalier. Elle passa devant la concierge, la tête haute, sans saluer. Et dans la rue, elle bravait les regards intrigués, qui remarquaient ses yeux sombres pleins d’éclairs, d’où s’égouttaient encore quelques larmes attardées. Elle ne se souciait plus de rien. Elle marchait sans savoir où. Puis, brusquement, elle entra dans le premier hôtel qu’elle remarqua, — une sale maison mal famée. Elle prit une chambre sans regarder. Elle la paya avant de monter, et s’y enferma. Une vie finie ! Encore une vie !… Bon Dieu ! Quand donc les vies seront finies ?