Page:Rolland - La Révolte des machines.djvu/46

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Et voici les machines qui débouchent de la ville détruite, dans les champs qui rient au soleil du matin : vastes étendues de moissons blondes, vergers, beaux bois, allées de peupliers au bord de la rivière… La racaille des petites machines trottinent toujours en tête. Puis, le gros de l’armée, et les monstres à la fin.

Derrière eux, on voit sortir de la ville, toujours courant, le Maître des Machines avec quelques-uns de ses ouvriers, qui s’évertuent à retenir leur marche endiablée. Certaines machines se retournent un instant, comme des animaux domestiques, pour le regarder, le flairer, l’écouter. Il essaie de les raisonner. Après un court répit, elles lui tournent le dos et poursuivent leur route. Le Maître et ses ouvriers veulent reprendre, de force, possession d’elles. Alors les machines s’irritent, se montrent menaçantes, et mettent en fuite la petite troupe d’hommes, qu’elles pourchassent, au pas de course, jusqu’au bas de la colline. Marteau Pilon et ses ouvriers se hissent, décontenancés, épuisés, hors d’haleine, au faîte de la colline, où ils sont accueillis par les injures de la foule.

Mais le spectacle de ce qui se passe dans la plaine détourne d’eux bientôt l’attention générale.

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