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LES PRÉCURSEURS

co-meurtriers, pour justifier son existence. Il n’y songerait pas, s’il ne savait que ses jours sont comptés et que le doute s’est glissé jusqu’en les plus fidèles de ses servants. Mais Nicolaï le suit dans ses retranchements, et une partie de son livre est l’impitoyable satire de tous les sophismes dont notre niaiserie étaye pieusement l’instrument de supplice, au couperet suspendu sur nos têtes : — sophisme de la prétendue sélection par la guerre[1] ; — sophisme de la guerre défensive[2] ; sophisme de l’humanisation de la guerre[3] ; sophisme de la soi-disant solidarité créée par la guerre, de la fameuse « unité sacrée »[4] ; — sophisme de la patrie, restreinte à la conception étroite et factice d’État politique[5] ; — sophisme de la race…[6] etc.

On aimerait à citer quelques extraits de ces critiques ironiques et sévères, — particulièrement celle qui fustige le plus impertinent et le plus florissant des sophismes du jour, le sophisme de la race, pour lequel s’entretuent des milliers de pauvres nigauds de toutes les nations.

« Le problème des races est, dit Nicolaï, une des plus tristes pages de la science, car en aucune autre on n’a, avec un tel manque de scrupules, mis la science au service de prétentions politiques ; on pourrait presque dire que les différentes théories de races n’ont pas d’autre but que d’élever ou de fonder ces prétentions, comme les livres de l’Anglo-Allemand Houston-Stewart Chamberlain en sont peut-être le plus abomi-

  1. Chapitre iii.
  2. Chapitre v, pages 156 et suivantes.
  3. Pages 160 et suivantes.
  4. Pages 180 et suivantes.
  5. Chapitres vii et viii.
  6. Chapitre viii, p. 234 et suivantes.