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XXIII

Un appel aux Européens

Dans l’effondrement de l’Allemagne impériale, surgissent quelques grands noms de libres esprits allemands, qui ont depuis quatre ans fermement défendu les droits de la conscience et de la raison contre les abus de la force. Georg-Fr. Nicolaï est un des plus illustres. Nous avons, dans une série d’articles,[1] tâché de faire connaître son admirable livre : La Biologie de la Guerre, et rappelé dans quelles conditions il fut écrit. Le savant professeur de physiologie à l’Université de Berlin, médecin renommé, qui, au début de la guerre avait été mis à la tête d’un service médical d’armée, fut cassé de son poste, pour avoir exprimé sa réprobation des crimes de la politique et du haut commandement allemands, et, de disgrâce en disgrâce, dégradé, ramené au rang de simple soldat, condamné à cinq mois de prison par le conseil de guerre de Dantzig, fut enfin contraint de s’enfuir d’Allemagne, pour échapper à des sanctions plus rigoureuses. Il y a quelques mois, les journaux nous ont appris son évasion aventureuse en aéroplane. À présent, il est réfugié en Danemark, et il vient d’y publier le premier numéro d’une revue, dont je veux signaler le haut intérêt historique et humain.

  1. « Un grand Européen, G.-F. Nicolaï » (Demain, Numéros d’octobre et novembre 1917). — Voir plus haut, article XX.