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XIII

Pour E.-D. Morel

E.-D. Morel, secrétaire de l’Union of Démocratic Control, fut arrêté à Londres en août 1917 et condamné à six mois de prison, au dur régime de droit commun, sous l’inculpation dérisoire (et d’ailleurs inexacte) d’avoir voulu envoyer en Suisse, à Romain Rolland, une de ses brochures politiques, autorisées en Angleterre[1]. La Revue Mensuelle de Genève, demanda à R. R. ce qu’il pensait de cette affaire, alors très mal connue : car, seuls, passaient sur le continent les articles de diffamation contre E.-D. Morel, fabriqués en Angleterre et répandus dans toutes les langues. R. R. répondit :)


Vous me demandez ce que je pense de l’arrestation de E.-D. Morel ?

Personnellement, je ne connais pas E.-D. Morel, J’ignore s’il m’a envoyé, comme on l’a dit, des ouvrages pendant la guerre. Je ne les ai pas reçus.

Mais par tout ce que je sais de lui, par son activité antérieure à la guerre, par son apostolat contre les crimes de la civilisation en Afrique, par ses articles de guerre, trop rarement reproduits dans les revues

  1. Depuis, E.-D. Morel, libéré, a, dans des conférences publiques en Angleterre, dévoilé, à l’indignation de ses auditeurs, les illégalités du procès et les dessous de l’affaire, où l’on vit reparaître certains louches personnages, dont il avait jadis lésé les criminels intérêts, dans son intrépide campagne de presse pour le Congo. — Voir The Persecution of E.-D. Morel (Glasgow, Reformer’s Series, 1919).