e pense que, quand on a une fois l’entendement ouvert par l’habitude de réfléchir,
il vaut toujours mieux trouver de soi-même
les choses qu’on trouverait dans les
livres ; c’est le vrai secret de les bien mouler
à sa tête et de se les approprier ; au lieu qu’en
les recevant telles qu’on nous les donne, c’est
presque toujours sous une forme qui n’est pas
la nôtre. Nous sommes plus riches que nous
ne pensons ; mais, dit Montaigne, on nous
dresse à l’emprunt et à la quête ; on nous
apprend à nous servir du bien d’autrui plutôt que du nôtre.
…La grande erreur de ceux qui étudient est de se fier trop à leurs livres, et de ne pas tirer assez de leur fonds, sans songer que de tous les sophistes notre propre raison est presque toujours celui qui nous abuse le moins. Sitôt qu’on veut rentrer en soi-même,