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jean-jacques rousseau

de la question, ni surtout avoir pris la pleine conscience de sa force. Il manifeste seulement sa méfiance et son antipathie de jeune provincial genevois contre la société de Paris, contre « l’uniformité trompeuse » qu’elle impose, et contre « le voile perfide de politesse », dont elle s’enveloppe. Il reproche aux sciences, aux lettres et aux arts de s’être laissés domestiquer par le pouvoir et d’ « étendre des guirlandes de fleurs sur les chaînes de fer dont les hommes sont chargés ». La critique qu’il en fait manque de pondération. Si elle ne semblait un exercice oratoire, fait pour le divertissement des lettres, elle risquerait de conduire des esprits mal équilibrés à des excès dangereux : — telle sa condamnation de l’imprimerie et des « désordres affreux » causés par elle, — dont la conclusion logique serait qu’il faut brûler les bibliothèques. Si Jean-Jacques s’est plaint, par la suite, que son premier Discours ait été mal compris, et s’il en a donné de nouvelles explications, il faut bien dire que le Discours de 1749 prêtait à tous les malentendus.

Le premier Discours était, d’ailleurs, trop littéraire et trop peu solide, pour inquiéter. On pouvait l’attribuer à un jeune et brillant