Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/121

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Luce entendaient. Mais ils n’avaient plus peur. Même cette grande voix, comme une basse d’orgue, berçait leur songe amoureux. Quand le gouffre serait là, on fermerait les yeux, on se serrerait plus fort, tout serait fini, d’un coup. Le gouffre épargnait la peine de penser à la vie qui serait, qui aurait pu être après, à l’avenir sans issue. Car Luce pressentait les obstacles que Pierre eût rencontrés en voulant l’épouser ; et Pierre, moins clairement (il aimait moins la clarté), les redoutait aussi. Ne regardons pas si loin ! La vie d’après le gouffre, c’était comme cette « autre vie », dont on parle, à l’église. On dit qu’on s’y retrouvera ; mais on n’est pas bien sûr. Une seule chose est sûre : le présent. Notre présent. Versons-y, sans compter, toute notre part d’éternel !