Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/185

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l’avait fait en aucun autre temps, la musique répondait au besoin de leurs cœurs. Elle était le seul art qui fût la voix de l’âme délivrée, derrière le rideau des formes.

Le Jeudi Saint, ils allaient, Luce au bras de Pierre et lui tenant la main, par les chemins de banlieue, trempés par la pluie. Des coups de vent passaient sur la plaine mouillée. Ils ne remarquaient ni la pluie, ni le vent, ni la laideur des champs, ni la route boueuse. Sur le mur bas d’un parc, dont un pan s’était récemment éboulé, ils s’assirent. Sous le parapluie de Pierre, qui protégeait à peine la tête et les épaules, Luce, les jambes pendantes, les mains mouillées, son caoutchouc trempé, regardait l’eau s’égoutter. Quand le vent remuait les branches, une petite mitraille de gouttes faisait :