Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/194

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— Grand Ami, devant toi, je le prends, je la prends. Unis-nous ! Tu vois nos cœurs.

Et leurs doigts restèrent joints, entrelacés ensemble, comme les pailles d’une corbeille. Ils étaient une seule chair, que les ondes de musique parcouraient de leurs frissons. Ils se mirent à rêver, ainsi que dans le même lit,

Luce revoyait en pensée la fillette rousse. Et voici qu’il lui sembla se rappeler qu’elle l’avait déjà vue en rêve, la nuit dernière. Elle ne parvenait pas à savoir si c’était vraiment vrai, ou si elle projetait sa vision d’à présent dans le sommeil passé. Puis, lasse de cet effort, sa pensée se laissa flotter.

Pierre songeait aux jours de sa vie brève écoulée. L’alouette qui s’élève de la plaine