Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/38

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sonne, d’une façon rauque ; il laisse l’esprit inquiet, jusqu’au moment où une note s’y ajoute qui opère la fusion des éléments hostiles ou froidement étrangers, comme des visiteurs qui ne se connaissent point et attendent d’être présentés. Aussitôt, la glace est rompue, et l’harmonie coule d’un membre à l’autre. Cette chimie morale, un tiède et furtif contact venait de l’opérer. Pierre n’avait pas conscience de la cause du changement ; il ne songeait pas à l’analyser. Mais il sentait que l’hostilité habituelle des choses s’était brusquement amortie. Une douleur lancinante à la tête vous habite depuis des heures : soudain, on s’aperçoit qu’elle n’est plus là ; comment est-elle partie ? À peine si les tempes bourdonnent encore du souvenir… Pierre restait en