Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/79

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sonne de plaisir ! Ils étaient comme l’amande dans la gaine du fruit, comme la flamme enfermée dans la lanterne sourde. Pierre tenait serré le bras gauche de Luce ; ils allaient du même pas, à peu près de la même taille, elle un peu plus grande, pépiant à mi-voix, leurs figures toutes proches : il eût voulu baiser le petit rond humide de la voilette.

Elle allait vendre chez le marchand de « faux-vieux » qui les lui commandait, « ses navets », ses « petites raves », comme elle disait. Ils n’étaient jamais très pressés d’arriver, et, sans le faire exprès (au moins, ils l’assuraient), prenaient par le plus long, en mettant leur erreur sur le compte du brouillard. Quand, à la fin pourtant, le but venait à eux, malgré tous les efforts faits pour