Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/80

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le dépister, Pierre restait à distance. Elle entrait dans la boutique. Il attendait au coin de la rue. Il attendait longtemps, et il n’avait pas chaud. Mais il était content d’attendre, de n’avoir pas chaud, et même de s’ennuyer, parce que c’était pour elle. Enfin, elle ressortait, et vite elle accourait, souriante, attendrie, s’inquiétant s’il n’était pas glacé. Il voyait à ses yeux quand elle avait réussi, et il s’en réjouissait, comme si c’était lui qui avait gagné. Mais le plus souvent, elle revenait, les mains vides ; il fallait retourner deux ou trois jours de suite, pour obtenir d’être payée. Bien heureuse, quand on ne lui rendait pas la commande avec des rebuffades ! Aujourd’hui, par exemple, on lui avait fait une scène pour une miniature peinte d’après la photo d’un brave homme