Page:Rolland Clerambault.djvu/57

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çais, ou Français et demi. Il quêtait une approbation.

Il fut surpris de ne pas trouver chez Perrotin une ardeur correspondante à la sienne. Perrotin souriait, écoutait, contemplait Clerambault, avec une curiosité bonhomme et attentive. Il ne disait pas non, mais il ne disait pas oui. Sur quelques assertions, il fit de prudentes réserves ; et Clerambault, bouillant, lui opposant ses textes, qui étaient signés de deux ou trois illustres collègues de Perrotin, celui-ci esquissa un petit geste, qui pouvait signifier :

« Ah ! vous m’en direz tant ! »

Clerambault s’enflamma. Perrotin alors changea d’attitude, témoignant d’un intérêt bien vif, aux « remarques judicieuses » de son « excellent ami », hochant la tête à tout ce qu’il disait, répondant à ses questions directes par des paroles vagues, ou y donnant un assentiment complaisant, comme on fait à quelqu’un qu’il ne faut pas contredire.

Clerambault s’en alla, décontenancé et mécontent.

Il fut rassuré sur le compte de son ami, quand, quelques jours après, il lut le nom de Perrotin sur une protestation violente des Académies contre les barbares. Il lui écrivit pour le féliciter. Perrotin remercia, en quelques mots prudents et sibyllins :

« Mon cher Monsieur » — (il gardait dans ses lettres les formules cérémonieuses et compassées d’un Monsieur de Port-Royal), — « je suis toujours prêt à obéir aux suggestions de la patrie : elles sont des ordres pour nous. Ma conscience est à son service, comme c’est le devoir de tout bon citoyen »