Page:Rolland Handel.djvu/158

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colonnades, des statues nobles et froides, des peintures à la Lebrun. Rien de surprenant à ce que de cet œuvre réduit à une poignée d’œuvres exécutées suivant de tels principes, il se dégageât un ennui monumental, pareil à celui que nous inspirent les Alexandre à perruque et les Christ bien pensants de Lebrun.

Il faut en revenir : Hændel n’a jamais été un musicien d’église ; et il n’a presque jamais écrit pour l'église. À part ses Psaumes et ses Te Deum, composés pour des chapelles seigneuriales ou pour des occasions exceptionnelles, il n’a écrit que de la musique instrumentale pour des concerts ou des fêtes en plein air, des opéras, et ce qu’on nomme des « oratorios », qui tous furent écrits pour le théâtre. Les premiers qu’il composa furent réellement joués : Acis et Galatée, en mai 1732, au théâtre Haymarket, avec machines, décors et costumes, sous le titre de English Pastoral Opera, — Esther, en février 1732, à l’Académie d’ancienne musique, à la façon d’une tragédie antique, le chœur étant placé entre la scène et l'orchestre. Et, par la suite, si Hændel s’abstint résolument de la représentation théâtrale[1] — qui seule mettrait en pleine

  1. Il y a tout lieu de croire que ce ne fut pas de son plein gré. En 1732, quand la princesse Anna souhaitait de faire représenter Esther à l’Opéra, l'archevêque Dr Gibson s’y