Page:Rolland Handel.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

valeur certaines scènes, comme l’orgie et la vision de Belsazar, expressément conçues pour le jeu des acteurs, — en revanche, il s’obstina toujours, contre toute opposition, à faire jouer ses oratorios au théâtre, et non pas à l’église. Cependant, il n’eût pas manqué d’églises, au moins chez les dissidents, pour y donner ses œuvres ; et, en ne le faisant point, il déchaînait contre lui l’opinion des gens religieux qui trouvaient sacrilège de porter des sujets pieux sur la scène[1]. Mais il tenait à affirmer qu’il n’écrivait point là des compositions d’église, mais des œuvres de théâtre, — de théâtre en liberté[2].

Ce caractère, nettement dramatique, de l’œuvre de Hændel a été bien compris par les historiens allemands qui l’ont étudié, dans ces dernières années. Chrysander le compare à Shakespeare[3]. M. Kretzschmar l’appelle un réformateur du drame musical. M. Volbach et M. A. Heuss

    opposa ; et ce fut faute de mieux qu’on donna l’œuvre en concert.

  1. Une lettre anonyme, publiée dans le London Daily Post, en avril 1739, à propos d’Israël en Égypte, défend Hændel contre l’opposition bigote, qui était alors très violente. L’écrivain proteste « que la représentation à laquelle on assiste est la plus noble façon d’honorer Dieu… Ce n’est pas la maison qui sanctifie la prière, c’est la prière qui sanctifie la maison. »
  2. N’a-t-il pas intitulé lui-même Joseph, « a sacred Drama », et Hercules, « a musical Drama » ?
  3. À la fin de son second volume de la Vie de Hændel.