Page:Rolland Handel.djvu/167

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et d’airs, fondus ensemble, et passant par toutes les nuances de la passion, formant d’un bout à l’autre une même coulée de vie. La scène de l’agonie d’Admète, au début de l’opéra du même nom, égale en profondeur d’émotion et en liberté dramatique les plus belles scènes récitatives de Gluck. La scène de la folie, dans Orlando[1], et celle du désespoir de Déjanire, au troisième acte d’Héraklès, les dépasse en réalisme audacieux et en passion frénétique. Dans la première, le burlesque et le tragique se mêlent avec un art shakespearien. La seconde est un fleuve sauvage de fureur et de douleur qui se rue. Ni l'une ni l’autre de ces deux scènes n’a rien d’analogue dans tout le théâtre musical du XVIIIe siècle. Et Teseo, Rodelinda, Alessandro, Alcina, Semele, Joseph, Alexander Balus, Jephté, offrent des scènes récitatives ou des combinaisons, en une même scène, de récitatifs, d’airs très libres, et d’interludes instrumentaux, à peine moins originales. — Notons enfin une sorte de pressentiment du leit-motiv, et de son emploi psychologique, dans Belsazar, où cer-

  1. Dans la suite de récitatifs et d’airs de toute sorte qui se succèdent ou se mêlent, avec une étonnante liberté, reflétant tour à tour, ou même à la fois, les idées contradictoires qui se heurtent dans le cerveau de Roland, Hændel ne craint pas d’employer des rythmes inusités, comme le 5/8, qui donne l’impression de la folie du héros.