Page:Rolland Handel.djvu/183

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elle s’est produite, et où elle semble avoir été inconnue auparavant. »

Peut-être M. Saint-Saëns fait-il trop bon marché de « cette façon magistrale d’écrire les chœurs », qui n’était pas si commune en Angleterre, même chez Purcell. Peut-être fait-il aussi trop bon marché de l’apport tres réel des Français, en matière de musique pittoresque et descriptive, et de l’influence qu’ils purent avoir sur Hændel[1]. Enfin, il ne faudrait pas se représenter ces tendances descriptives de Hændel comme exceptionnelles à son époque. Un grand souffle de nature passait sur la musique allemande, et la poussait vers la Tonmalerei (la peinture par les sons) ; Telemann était, plus encore que Hændel, un peintre en musique, et, plus que lui, célèbre pour l’effet de ses peintures. Mais l’Angleterre du XVIIIe siècle était restée conservatrice en musique et attachée au culte des maîtres du passé ; l’art de Hændel devait donc y frapper plus qu’ailleurs par « la couleur » et « l'effet imitatif ». Je ne dirai pas, comme M. Saint-Saëns, qu’ « il ne saurait être question à son sujet d’exotisme ». Cet exotisme, Hændel semble

  1. Au temps de Lully et de son école, les Français étaient les maîtres de la peinture musicale, en particulier pour les tempêtes. Addison s’en égayait, et les parodies du Théâtre de la Foire s’amusent souvent à reproduire en caricatures les orages de l’Opéra.