Page:Rolland Handel.djvu/217

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auquel cas il aurait pu avoir déjà connaissance de la manière de Corelli, grâce à la propagande de George Muffat, qui répandit de très bonne heure ce style en Allemagne[1]. Depuis Corelli, Locatelli[2], et surtout Vivaldi[3], avaient singulièrement transformé le Concerto grosso, en lui donnant volontiers un caractère de musique à programme[4], et en l'acheminant résolument vers la forme de la sonate en trois parties. Mais bien qu’on jouât du Vivaldi à Londres, des 1723, et que ses œuvres qui soulevèrent un enthousiasme général fussent certainement connues de Hændel, c’est toujours à Corelli qu’il se rattache

  1. Dès 1682, Muffat publie à Salzbourg son Armonico tributo, sonates de chambre, où il mêle la façon du trio lullyste à la manière du Concertino italien. Et en 1701, à Passau, il publie des Concerti grossi à l'italienne, d’après l’exemple de Corelli.
  2. Concerti grossi, Amsterdam, 1721.
  3. Antonio Vivaldi, de Venise (1680-1743), maitre de chapelle à l’Ospedale della Pietà de Venise depuis 1714, commença à être connu en Allemagne entre 1710 et 1720. Les arrangements que J.-S. Bach fit de ses Concerti grossi datent du temps où il était à Weimar, c’est-à-dire entre 1708 et 1714.
  4. Locatelli et Vivaldi subissaient l’influence de l’opéra italien. Vivaldi écrivit lui-même 38 opéras. Un des Concerti de Locatelli (op. 7, 1741) se nomme Il pianto d’Arianna. Dans le Cimento dell’Armonia de Vivaldi, quatre concertos décrivent les quatre Saisons, un cinquième peint La Tempestà, un sixième Il Piacere. Dans l’op. 10 de Vivaldi, un concerto représente la Notte, un autre il Cardellino (le chardonneret). Et M. Schering note l’influence de Vivaldi en Allemagne sur Graupner de Darmstadt, et sur Jos.-Gregorius Werner, en Bohème.