Page:Rolland Handel.djvu/28

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ment le droit. Cependant, il avait pour maître le professeur le plus remarquable de l’Allemagne, Christian Thomasius, l’adversaire des procès de sorcellerie[1], le réformateur de l’enseignement du droit, celui qui y fit rentrer l’étude des coutumes germaniques, celui qui ne cessa de livrer bataille aux abus grossiers ou stupides des universités, à l’esprit de caste, au pédantisme, à l’ignorance, à l’hypocrisie et à la férocité juridique et religieuse. Si un tel enseignement n’a pas été de nature à retenir Hændel, ce n’était certes pas la faute du professeur : nulles leçons plus vivantes dans toute l’Allemagne d’alors, rien qui pût offrir à l’esprit d’un jeune homme un champ d’activité plus féconde. Soyons sûrs qu’un Beethoven n’y fût pas demeuré insensible. Mais Hændel était pur musicien, il était la musique même ; rien ne pût jamais en distraire sa pensée.

Dès cette année, où il suivait les cours de la Faculté de droit, il avait trouvé un poste d’organiste à Halle : — et cela, bien que luthérien, dans une église du culte « réformé », où

  1. On sait que les procès de sorcellerie étaient une des manies meurtrières de l’époque. On évalue à plus de cent mille le nombre des victimes faites par les bûchers de sorcières, en un siècle. Frédéric II disait : « Si les femmes peuvent vieillir et mourir en paix en Allemagne, c’est à Thomasius qu’elles le doivent. »