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musique, c’est ce qui sonne bien » (« Musik, müsse schön klingen »)[1] ; il contribua à l’abandon de théories surannées (solmisation, modes ecclésiastiques) et à l’éclaircissement de notre système actuel[2]. D’autre part, il fut le champion de l’art et de l’esprit allemands. De Lessing il avait le souffle patriotique, la rude indépendance, l’impétueuse franchise, avec plus de violence brutale. Tous ses livres crient : « Fuori Barbari ! [3] » Un de ses ouvrages s’intitule le

  1. Il attaqua violemment dans le Vollkommene Kapellmeister (1739) les « Pythagoriciens » (dont le chef était Lor. Christophe Mizler de Leipzig), qui prétendaient asservir la musique aux mathématiques et à la raison. Avec les « Aristoxéniens » (harmonistes), il voulait arracher la musique « à l’étau de fer, aux mains de squelette de la science morte et de la scolastique ». Sa loi, c’était l’oreille. « Laisse ton art encombrant à la maison, plutôt que l’oreille souffre, en quoi que ce soit. Ce que la nature et l’expérience t’enseignent comme bon, fais-le, joue-le, chante-le ; — comme mauvais, évite-le, efface-le. » (Das forschende Orchestre). À la scolastique il opposait la féconde et vivante science harmonique (Harmonische Wissenschaft) ; il demandait qu’elle fût enseignée dans les Universités, et offrait de léguer une somme pour fonder une chaire de lecteur de musique au gymnase de sa ville.
  2. Surtout dans Das neueröffnete Orchestre (1713), Das beschützte Orchestre (1717), Das forschende Orchestre (1721). — On a pu dire du plus riche de ses écrits théoriques : Der Vollkommene Kapellmeister (1739), qu’il pourrait encore aujourd’hui servir de base à une esthétique de la musique, et que de cette œuvre procédait une bonne partie de notre musicologie.
  3. Il déconseillait aux musiciens allemands le voyage d’Italie, d’où revenaient « tant d’oies parées des plumes de paons, je veux dire avec de grandes faiblesses cachées et une insupportable présomption ». Il reprochait aux Allemands