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les joues et le menton qui s’empâtent déjà ; très droit ; la tête sans perruque, et coiffée d’un béret à la façon de Wagner. « Il était riche de puissance et de bonne volonté[1]. »

La première connaissance qu’il fit à Hambourg fut celle de Johann Mattheson.

Mattheson, qui avait alors vingt-deux ans, — quatre ans de plus que Hændel[2], — était d’une riche famille hambourgeoise, et d’une vaste instruction. Il parlait l’anglais, l’italien et le français, avait fait son droit, appris à fond la musique, savait jouer de presque tous les instruments, écrivait des opéras dont il était à la fois le poète, le compositeur et l’acteur. Surtout, il devait être le maître théoricien et le plus vigoureux critique de la musique allemande.

Avec un amour-propre immense et beaucoup d’injustices passionnées, c’était un robuste esprit, très sain et très honnête, une sorte de Boileau ou de Lessing de la musique, un demi-siècle avant la Dramaturgie. D’une part, il combattit la routine scolastique et la science abstraite, au nom de la nature ; et sa devise était : « La

  1. Mattheson.
  2. Il était né à Hambourg en 1681, et y mourut en 1764. — Voir L. Meinardus : J. Mattheson und seine Verdienste um die deutsche Tonkunst, 1870, et Heinrich Schmidt : J. Mattheson, ein Förderer der deutschen Tonkunst, 1897, Leipzig.