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penser. Ils n’étaient point perdus pour lui. Rien ne fut jamais perdu pour lui.

À la fin d'août 1708, Hændel entra, comme second violon, à l'orchestre de Hambourg. Il aimait à s'amuser des gens, et il s’était fait plus ignorant qu'il n’était. « Il se présenta, dit Mattheson, comme s'il ne savait pas compter jusqu’à cinq : car il était pince-sans-rire[1]. » — Cette année-là, l'Opéra de Hambourg jouait le Claudius de Keiser, et la mémoire de Hændel en enregistra des phrases[2]

Quand la saison fut finie, Mattheson fit un voyage en Hollande, et Hændel profita de l'absence de son jeune mentor pour s’émanciper. Il avait fait la connaissance du poète Postel, qui, vieux, malade, et tourmenté de scrupules religieux, avait renoncé à écrire des libretti d' opéras et ne voulait plus composer que des œuvres pieuses. Postel fournit à Hændel le texte d'une Passion selon saint Jean, que Hændel mit en musique, et qui fut exécutée pendant la Semaine Sainte de 1704[3]. Mattheson, piqué de la désin-

  1. Mattheson ajoute : « Je sais avec certitude que, s'il lit ces pages, il rira dans son cœur : car, extérieurement, il rit peu. »
  2. Entre autres, le motif d'un air en menuet, qu'il reprit textuellement dans le menuet de son ouverture de Samson.
  3. Dans la même semaine, Keiser et le poète Hunold donnèrent une autre Passion : Der Blutige und Sterbende Jesus