Page:Rolland Handel.djvu/57

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les yeux vers le refuge habituel des artistes allemands : cette Italie, que la veille il affectait de dédaigner. Quelle que fût la musique italienne, à tout le moins, là-bas, la musique s’épanouissait au soleil ; on ne lui chicanait pas le droit à l'existence, comme faisaient les piétistes de Hambourg ; elle soulevait dans toutes les villes, dans toutes les classes de la société, des transports d'amour. Et, autour d'elle, c’était une floraison des arts, une civilisation supérieure, une vie lumineuse et riante, dont Hændel avait eu l'avant-goût par ses entretiens avec les nobles Italiens de passage à Hambourg.

Il partit. Son départ fut si brusque que ses amis n'en surent rien. Il ne dit même pas adieu à Mattheson.

L’époque où il arriva en Italie n’était pas des plus heureuses. On était en pleine guerre de la Succession d'Espagne ; et Hændel put rencontrer à Venise, dans l'hiver de 1706, le prince Eugène avec son état-major, se reposant de la victorieuse campagne de Lombardie. Il ne s'arrêta point ; il alla droit à Florence, où il était à la fin de l'année[1]. Sans doute se souvenait-il des offres

  1. M. R.-A. Streatfeild croit même qu'il était à Florence, dès octobre 1706 : car le prince Gaston de Médicis, qui dut le présenter au grand-due, quitta Florence en novembre 1706. Il place aussi, dès ce premier séjour à Florence, la représentation du Rodrigo de Hændel, sur lequel manque tout ren-