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et, en 1689, le nouveau théâtre de Hanovre fut inauguré par un opéra de Steffani, dont la duchesse Sophie avait fourni, dit-on, le sujet patriotique : Henrico Leone[1]. Suivirent une quinzaine d’opéras, dont la mise en scène et la musique eurent une célébrité prodigieuse en Allemagne[2]. Cousser les introduisit à Hambourg, comme des modèles du vrai chant italien ; et Keiser se forma en partie d’après eux, une dizaine d’années avant que Hændel se formât à son tour d’après Keiser. L’opéra n'eut pas une vie durable à Hanovre. Seul, le duc y était attaché. La duchesse Sophie avait beaucoup moins de sympathie pour ce genre d'art [3]. Les

  1. Cet opéra fut joué, pour le cinquième centenaire du siège de Bardewick par Henri le Lion en 1089. L’électeur de Brandebourg assistait à la première représentation. — Steffani traita d'autres sujets germaniques, comme le Tassilone de 1709.
  2. Les manuscrits de la plupart de ces opéras sont conservés dans les bibliothèques de Berlin, Munich, Londres, Vienne, et Schwerin. Chrysander a donné quelques spécimens des libretti. La musique n'a guère été étudiée que par M. Neisser, qui a le tort de ne pas assez connaître la musique des contemporains de Steffani, et, par suite, se trompe souvent dans ses appréciations. M. Hugo Riemann prépare la publication de deux volumes d’opéras de Steffani, dans les Denkmäler der Tonkunst in Bayern.
  3. Leibniz non plus, bien qu'il eût quelque intuition de ce qu'aurait pu être cette forme de théâtre, « qui unit tous les moyens d'expression : la beauté des mots, des rimes, de la musique, des peintures, des gestes harmonieux » (lettre de 1681). En général, il avait, à l'égard de la musique, l'attitude de nos Encyclopédistes, au temps de Rameau. Son idéal