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sition puritaine, s’attaquant au théâtre anglais, avait contribué à l’abdication découragée des artistes nationaux[1]. Le dernier maître de la grande époque, John Blow, — un artiste estimable, glorieux dans son temps, et dont la personnalité un peu grise, effacée, ne manquait pas de distinction ni de sentiment expressif, — s’était retiré dans les pensées religieuses[2]. En l’absence de compositeurs anglais, les Italiens s’emparèrent de la place[3]. Un ancien musicien de la chapelle royale, Thomas Clayton, rapporta

    Stuarts, avaient à peu près disparu depuis la Révolution de 1688. Mais les Italiens.

  1. Le célèbre pamphlet du prêtre Jeremias Collier, paru en 1688 : Courte vue de l’immoralité et de l’indécence de la scène anglaise (A short view of the immorality and profaness of the English stage, with the sense of Antiquity), avait fait époque, parce qu’il exprimait, avec une ardente conviction, les sentiments cachés de la nation. Dryden, le premier, fit humblement pénitence.
  2. Voir la préface de son Amphion Britannicus, en 1700. — Blow mourut en 1708.
  3. Il y avait eu plusieurs essais de compagnies d’opéras italiens à Londres, sous la Restauration, en 1660, en 1674. Aucun n’avait réussi. Mais quelques Italiens s’étaient installés à Londres, et y avaient eu du succès : vers 1667, Gio.-Battista Draghi, de Ferrare ; vers 1677, le violoniste Niccolò Matteis, qui fit connaître en Angleterre les œuvres instrumentales de Vitali et de Bassani ; enfin des chanteurs italiens, Pietro Reggio de Gênes, le fameux Siface (Francesco Grossi) qui, en 1687, fit le premier sans doute entendre du Scarlatti à Londres ; Margherita de l’Espine, qui, depuis 1692, donna des concerts italiens. Mais ce fut à partir de 1702 que commença l’engouement pour l’art italien.