Page:Rolland Handel.djvu/87

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d'Italie des libretti d’opéras, des partitions, et des chanteurs. Il prit un vieux libretto de Bologne, le fit traduire en anglais par un Français, y adapta gauchement une musique qui ne valait rien ; et tel fut, comme il dit avec fierté, « le premier drame musical qui ait été entièrement composé et exécuté en Angleterre dans le style italien » : Arsinoé, reine de Chypre. Cette nullité, jouée au Drury Lane, en 1705, eut un gros succès, que dépassa encore un opéra italien authentique, donné l'année suivante, à Londres : Camilla, regina de' Volsci, de Marc Antonio Bononcini[1]. Vainement, Addison inquiet essaya de lutter contre l'invasion italienne, en persiflant le snobisme du public, avec une aimable ironie, et en tâchant d'opposer à l'opéra italien un opéra national anglais[2] : il fut battu, et avec lui,le théâtre anglais tout entier[3]. Thomyris en 1707, inaugura les représentations mi-partie en italien et en

  1. Il s'agit du frère du célèbre Bononcini (Giovanni).
  2. Ce fut la Rosamunde, jouée en 1707, et qui n'eut que trois représentations. Addison, fort peu musicien, avait pris pour collaborateur l'insipide Clayton. Ses satires contre l’opéra italien parurent en mars-avril 1710, dans le Spectator.
  3. Cette défaite fut mise en évidence, en 1708. Trois ans avant, le théâtre Haymarket avait été fondé, sous le patronage de la reine, par le poète Congreve, pour y jouer le vieux drame anglais. En 1708, le drame anglais dut vider la place. L'opéra s'y installa.