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anglais. Et, à partir d'Almahide, en janvier 1710, tout est en italien. Aucun musicien anglais ne tente de lutter[1].

Lorsque arriva Hændel, à la fin de 1710, l'art national était mort. Il est donc absurde de dire, comme on le fait souvent, qu'il a tué la musique anglaise. Il n'y avait plus rien à tuer. Londres n'avait pas un compositeur. En revanche, elle était riche en virtuoses excellents. Surtout elle possédait une des meilleures troupes de chanteurs italiens qu'on pût trouver en Europe. Présenté à la reine Anne, qui aimait la musique et jouait bien du clavecin, Hændel fut accueilli à bras ouverts par le directeur de l'Opéra, Aaron Hill. C’était un personnage extraordinaire, qui voyagea en Orient, écrivit une Histoire de l'Empire Ottoman, fit des tragédies, traduisit Voltaire, fonda la Beech Oil Company, pour extraire l'huile des glands de hêtre, se mêla de chimie,

  1. Seuls, deux Allemands établis en Angleterre et naturalisés Anglais, le Dr Christoph Pepusch et Nicolò Francesco Haym, glissent quelques morceaux de leur composition dans les opéras italiens de Londres. Nous les retrouverons plus tard. Pepusch, fondateur de l'Academy of antient musick en 1710, fut assez mal disposé pour Hændel, dont il persifla les opéras dans le fameux Beggar's Opera de 1728. Haym, qui voulut publier en 1730 une grande Histoire de la musique, fut un des librettistes de Hændel.

    La Bibliothèque du Conservatoire de Paris possède un recueil des airs des principaux opéras italiens, joués à Londres, de 1706 à 1710. (Londres, Walsh.)