Page:Rolland Handel.djvu/98

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profond et le plus sobre, — (œuvre que J.-S. Bach connut bien et dont il s’est ressouvenu), — fut pour Hændel une expérience décisive. Il sentit, en l’écrivant, tout ce qui le séparait de l'art piétiste allemand ; et, de retour en Angleterre[1], il écrivit les Psaumes et Esther.

Ce fut l’époque capitale de sa vie. Entre 1717 et 1720, tandis qu’il était au service du duc de Chandos[2], il prit pleine conscience de sa personnalité, et créa un style nouveau en musique et au théâtre.

  1. À la fin de 1716. Au cours de ce voyage en Allemagne, où il avait secouru la veuve de son maître Zachow, tombée dans la misère, il ramena d'Anspach un vieil ami d’Université, Johann Christoph Schmidt, qui faisait le commerce des lainages, et qui laissa tout, fortune, femme et enfant, pour le suivre à Londres, Schmidt resta attaché toute sa vie a Hændel, s’occupant de ses affaires, recopiant ses manuscrits, ayant la garde de sa musique ; et après lui, son fils Schmidt (ou Smith) junior reprit la même place, avec le même dévouement. Exemple frappant de la force d’attraction que Hændel pouvait exercer.
  2. Le duc de Chandos était un Crésus, enrichi dans sa charge de trésorier-payeur général des armées, sous la reine Anne, et dans les spéculations de la Compagnie des mers du Sud. Il s’était fait bâtir un magnifique château à Canons, à quelques milles de Londres. Il y menait le train d’un petit prince, entouré d’une garde de cent soldats suisses. L’ostentation de son faste prêtait au ridicule. Pope ne s’est pas fait faute de le railler.