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L’ŒUVRE DES TRENTE ANS DE THÉÂTRE

a mise au service de cette cause ; l’homme qui agit, même quand il se trompe, a toujours une supériorité sur ceux qui se contentent de parler, fût-ce admirablement.

Mais il ne s’agit pas ici de la caisse de retraites des comédiens français ; il s’agit du théâtre populaire, que les promoteurs de l’Œuvre prétendent avoir fondé.

L’Œuvre des Trente ans de Théâtre, dont le comité tint sa première séance le 30 décembre 1901, débuta en mai 1902 par cinq représentations aux théâtres de Montparnasse, de Grenelle, des Gobelins, de Saint-Denis, et au Concert Européen de la rue Biot. C’étaient des spectacles coupés, où il y avait de tout : du classique, du romantique, de l’opérette, de la chansonnette, de la danse, mademoiselle Moreno, Fugère, les sœurs Mante, Paulette Darty, Polin, sans parler des conférenciers, dont nos divertissements à la mode ne sauraient plus se passer. En octobre 1902, commencèrent les représentations classiques, avec le concours des théâtres subventionnés et surtout de la Comédie française. Vingt-cinq galas populaires furent donnés dans la première saison, d’octobre à juin. On joua Horace à la salle Wagram, Andromaque et Tartuffe à Ba-ta-clan, le Misanthrope à Belleville, aux Bouffes du Nord, au théâtre Maguéra, au théâtre Trianon, le Malade imaginaire à la salle Huyghens, l’Arlésienne à la salle Humbert de Romans, etc. On donnait aussi des danses, des fragments d’opéras et d’opéras-comiques, et les inévitables conférences. Les noms de tous les auteurs ou compositeurs vivants étaient systématiquement écartés du programme. Selon la formule de M. Larroumet, qui se fit le patron de l’Œuvre, « le grand répertoire allait

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