Page:Rolland Vie de Michel-Ange.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
MICHEL-ANGE

en avant. Tel nous le montre un portrait de François de Hollande : debout, de profil, vêtu de noir ; un manteau romain sur les épaules ; sur la tête, une chappe d’étoffe, et sur cette chappe, un grand chapeau de feutre noir, très enfoncé.[1] Il avait le crâne rond, le front carré, renflé au-dessus des yeux, sillonné de rides. Les cheveux étaient noirs, peu fournis, ébouriffés et frisottants. Les yeux, petits,[2] tristes et forts, étaient couleur de corne, changeants et mouchetés de taches jaunâtres et bleuâtres. Le nez, large et droit, avec une bosse au milieu, avait été écrasé par le coup de poing de Torrigiani.[3] Des plis profonds se creusaient, de la narine au coin des lèvres. La bouche était fine ; la lèvre inférieure avançait un peu. De maigres favoris, une barbe de faune, fourchue, peu épaisse, et longue de quatre à cinq pouces, encadraient les joues creusées aux pommettes saillantes.

Dans l’ensemble de la physionomie, la tristesse, l’incertitude domine. C’est bien une figure du temps de Tasse, anxieuse, rongée de doutes. Ses yeux poignants inspirent, appellent la compassion.

Ne la lui marchandons pas. Donnons-lui cet amour, auquel il aspira toute sa vie, et qui lui fut refusé. Il a

  1. Ainsi le virent encore ceux qui firent ouvrir son cercueil, en 1564, quand son corps fut ramené de Rome à Florence. Il semblait dormir, son chapeau de feutre sur la tête, et, aux pieds, ses bottes avec des éperons.
  2. Condivi. Le portrait de Venusti les représente assez larges.
  3. Vers 1490–1492.
31