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la vie de Michel-Ange

vail, commençaient à la ruiner. Il souffrait de la tête, et il avait un côté enflé.[1] Son père lui reprochait sa façon de vivre : il ne se disait pas qu’il en était responsable.

« Toutes les peines que j’ai endurées, je les ai endurées pour vous, lui écrivait plus tard Michel-Ange.[2]

… Tous mes soucis, tous, je les ai par amour pour vous. »[3]

Au printemps de 1501, il revint à Florence.

Un bloc de marbre gigantesque avait été confié, quarante ans auparavant, par l’Œuvre de la cathédrale (Opera del Duomo) à Agostino di Duccio pour y tailler la figure d’un prophète. L’œuvre à peine ébauchée était restée interrompue. Personne n’osait la reprendre. Michel-Ange s’en chargea,[4] et, de ce roc de marbre, il fit sortir le David colossal.

On conte que le gonfalonier Pier Soderini, venant voir la statue dont il avait donné la commande à Michel-Ange, lui fit quelques critiques, pour attester son goût : il blâma l’épaisseur du nez. Michel-Ange monta sur l’échafaudage, prit un ciseau et un peu de poussière de marbre, et, tout en remuant légèrement le ciseau, il faisait tomber peu à peu la poussière ; mais il se garda bien de toucher au nez, et le laissa comme

  1. Lettre de son père, 19 décembre 1500.
  2. Lettre à son père. Printemps 1509.
  3. Lettre à son père, 1521.
  4. En août 1501. — Dans les mois précédents, il avait signé avec le cardinal Francesco Piccolomini un contrat, qu’il n’exécuta jamais, pour la décoration de l’autel Piccolomini, à la cathédrale de Sienne. Ce fut un des remords de toute sa vie.
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