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la vie de Michel-Ange

arrêté en route ! » — Là-dessus, il tourna le dos au groupe et continua son chemin. Léonard resta, et il rougit. Et Michel-Ange, non satisfait encore et brûlant du désir de le blesser, cria : « Et ces chapons de Milanais qui te croyaient capable d’un tel ouvrage ! »[1]

Tels étaient les deux hommes, que le gonfalonier Soderini opposa l’un à l’autre dans une œuvre commune : la décoration de la Salle du Conseil au Palais de la Seigneurie. Ce fut un combat singulier entre les deux plus grandes forces de la Renaissance. En mai 1504, Léonard commença le carton de la Bataille d’Anghiari.[2] En août 1504, Michel-Ange reçut la commande du carton pour la Bataille de Cascina.[3] Florence se divisa en deux camps pour l’un ou l’autre rival. — Le temps a tout égalisé. Les deux œuvres ont disparu.[4]

En mars 1505, Michel-Ange fut appelé à Rome par Jules II. Alors commença la période héroïque de sa vie.

  1. Relation d’un contemporain (Anonyme de la Magliabecchiana).
  2. On lui avait imposé l’humiliation de peindre une victoire des Florentins sur ses amis, les Milanais.
  3. Ou la Guerre de Pise.
  4. Le carton de Michel-Ange, seul exécuté, dès 1505, disparut en 1512, lors des émeutes provoquées à Florence par le retour des Médicis. L’œuvre n’est plus connue que par des copies fragmentaires. La plus fameuse de ces copies est la gravure de Marc-Antoine. (Les Grimpeurs) — Quant à la fresque de Léonard, Léonard suffit à la détruire. Il voulut perfectionner la technique de la fresque, il essaya d’un enduit à l’huile qui ne tint pas ; et la peinture, qu’il abandonna de découragement, en 1506, n’existait plus déjà en 1550.

    De cette période de la vie de Michel-Ange (1501–1505), sont aussi

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