Page:Romains - Les Copains.djvu/112

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— Quel suave lieu ! dit Bénin. Il fait frais comme dans un parc au bord de l’eau. Et l’air est intime. On se croirait dans un intérieur orné de plantes. Puis l’on ne sait pas où l’on va. Nos roues, tour à tour, écrasent une feuille et un rond de lune. Des branches nous chatouillent l’oreille.

Soudain, dans un fouillis d’arbres, un pan de mur apparut. Un mur, un toit, toute une maison. Deux, trois maisons, plusieurs maisons l’une après l’autre, séparées l’une de l’autre par une épaisseur de feuilles, comme des fruits dans un panier.

Tout un petit village se blottissait ainsi dans l’aisselle de la terre.

Le plus tendre silence unissait les maisons ; et pas une lueur qui ne fût celle de la lune ou des étoiles ; pas un reflet qui ne retournât au ciel.

Pourtant les maisons tiédissaient l’air comme des moutons blancs couchés dans un pacage.

Les deux copains enfilèrent des ruelles,