Page:Romains - Les Copains.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Lorsqu’un fils de l’homme connaît un seul jour cette plénitude, il n’a rien à dire contre son destin.

— Moi, mon vieux Bénin, je ne considère pas ce jour, dont tu parles, comme un jour passé. Il est continué sans intervalle, sans fissure, par le jour que voici. Ne te semble-t-il pas qu’il n’y ait à craindre ni le soir, ni la nuit ? Dans les jours de contentement ordinaire, j’appréhende la chute du soleil, l’heure du dîner, l’heure de s’endormir, comme des nœuds successifs, de plus en plus serrés ; et la journée est enfermée dans un sac comme une femme qu’on va jeter à la mer. Mais un jour tel que celui-ci ne se termine pas, ne tombe pas dans la nuit. Il remonte au ciel.



Ils arrivèrent à un croisement de routes, au bas d’un petit coteau qu’il leur fallait gravir. Deux ou trois maisons se plaisaient