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Chapitre II. — Son Œuvre

Elle se résume en deux mots : l’Art et la Vie.

Ce fut la formule même de l’École idéologique qui, aux environs de 1892, institua, sous l’égide de jeunes fervents tels que Maurice Pujo, Henry Bérenger, Gabriel Trarieux, Firmin Roz, Eugène Hollande, Gabriel Sarrazin, une double réaction contre le Réalisme matérialiste et le Dogmatisme intransigeant.

Quand Édouard Schuré se mit à la tâche avec l’Histoire du Lied (1868), sans doute n’ambitionnait-il que d’être un commentateur fidèle et consciencieux des grands courants mystiques qui, depuis l’orée des siècles, ont agité l’esprit des peuples. C’est ainsi que jusqu’aux Initiés, il nous raconta l’Allemagne sentimentale, l’Alsace déchirée par l’invasion, les « Chants de la Montagne » et d’autres poèmes évocateurs.

La cause en est qu’il n’avait point encore trouvé le pôle de son vaste talent. Ce n’était là qu’entraînement préparatoire aux longs voyages qu’il allait faire dans les sphères presque vierges de l’Esprit pur. Il aiguisait son verbe sur la pierre meulière du lyrisme ethnique, et de ces premières escarmouches avec les farouches gardiens de l’âme celte ou germaine, il dégageait peu à peu les éléments d’une philosophie qui allait lui ouvrir toutes grandes les portes de l’Ésotérisme.

À quoi croyait-il donc, ce fougueux impatient