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qui voulait, du premier coup, franchir l’enceinte qui mène, par les claires voies de la Sagesse, au Vrai, au Beau et au Bien ?

Un critique, M. Yves Mainor[1], nous l’apprend en une heureuse formule. Il croyait que « la justice et la vérité sont le dernier mot de l’énigme universelle, qu’un principe divin habite en nous, qu’une loi d’eurythmie souveraine préside à l’évolution des mondes, des choses et des âmes. »

Et quoiqu’à peine adolescent, il le croyait avec une telle ardeur, que les ombres les plus épaisses de la vieille Égypte ou de l’Inde brahmanique devaient se diluer à cette lumière, et qu’en même temps cela déterminait d’un coup l’unité de son œuvre, lui donnait son harmonie, son éloquence, sa raison d’être, faisait de ses écrits plus que de la littérature, plus que des mots, mais bien une façon de statue vivante, gonflée d’enthousiasme et de tendresse, consolante pour lui-même et pour les autres, émancipatrice et généreuse, et qui livre à tous ceux qui parcourent en aveugles les ténèbres de la vie, un peu de ce courage unique que donne l’Espoir.

Chef de l’Idéalisme mystique, voilà sans doute une définition d’Édouard Schuré.

Son idéalisme a commencé par être, si j’ose dire, positif et patent, pour devenir assez vite

  1. M. Édouard Schuré, par Yves Mainor. — Crassin, Angers, 1905.