Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/36

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presque brute que l’homme se détache de la vie comme une plante sans racines enlevée du sol par un souffle.

Comme on le voit, le philosophe populaire qui a donné sa forme dernière à notre conte avait assez bien médité sur la mort et sur les sentiments qu’elle inspire. Il a fait de son œuvre une composition logique, bien qu’il en ait peut-être emprunté les détails à diverses traditions. Sa fable satirique semble le résumé de plusieurs autres qu’il y aurait fait entrer en les remaniant ; c’est la mise en récit, sous une forme doucement railleuse, de ce que devaient penser sur la destinée de l’homme et sur sa fin inévitable ces durs paysans des temps féodaux qui réfléchissaient sous le joug et se gabaient, dans leurs veillées, des pouvoirs qui pesaient sur eux. La Providence elle-même n’échappait point à leurs critiques, et le gouvernement du monde ne leur semblait point sans re-