Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/100

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afin de surveiller la plus grande aire possible et de ne pas être cernés. Brusquement, au détour d’une oseraie, les flammes resplendirent, lointaines encore : le clair de lune les rendait pâles.

Les Kzamms dormaient : trois guetteurs entretenaient le brasier et surveillaient la nuit. Les rôdeurs, tapis parmi les végétaux, épiaient le campement avec une convoitise rageuse. Ah ! s’ils pouvaient seulement dérober une étincelle ! Ils tenaient prêts des brindilles sèches, des rameaux finement découpés : le Feu ne mourrait plus entre leurs mains jusqu’à ce qu’ils l’eussent emprisonné dans la cage d’écorce, doublée intérieurement de pierres plates. Mais comment approcher de la flamme ? Comment détourner l’attention des Kzamms, surexcitée depuis la nuit où le fils du Léopard avait paru devant leur foyer ?…

Naoh dit :

— Voici. Pendant que Naoh remontera le long du Grand Fleuve, Nam et Gaw erreront dans la plaine, autour du camp des Dévoreurs d’Hommes. Tantôt ils se cacheront et tantôt ils se montreront. Quand les ennemis s’élanceront sur leur trace, ils prendront la fuite, mais non de toute leur vitesse, car il faut que les Kzamms espèrent les saisir et qu’ils les poursuivent longtemps. Nam et Gaw mettront leur courage à ne pas fuir trop vite… Ils entraîneront les Kzamms jusqu’auprès de la Pierre Rouge. Si Naoh n’y est pas, ils passeront entre les mammouths et le Grand Fleuve. Naoh retrouvera leur piste.

Les jeunes nomades frissonnèrent ; il leur était dur d’être séparés de Naoh devant les Kzamms formidables. Dociles, ils se glissèrent à travers les végétaux, tandis que le fils du Léopard se dirigeait vers la rive. Du temps passa. Puis Nam se montra sous un catalpa et disparut ; ensuite la silhouette de Gaw se dessina, furtive, sur les