Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/99

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ses embûches, soit qu’ils fussent gênés dans leur repos par une autre présence que celle de leur race. Chaque soir les Oulhamr s’éloignaient donc, au-delà du terme où leur émanation pouvait être importune.

Or, cette fois, Naoh demanda à ses compagnons :

— Nam et Gaw sont-ils prêts à la fatigue ? Leurs membres sont-ils souples et leur poitrine pleine de souffle ?

Le fils du Peuplier répondit :

— Nam a dormi une partie du jour. Pourquoi ne serait-il pas prêt au combat ?

Et Gaw dit à son tour :

— Le fils du Saïga peut parcourir, de toute sa vitesse, la distance qui le sépare des Kzamms.

— C’est bien ! Naoh et ses jeunes hommes iront vers les Kzamms. Ils vont lutter toute la nuit pour conquérir le Feu.

Nam et Gaw se levèrent d’un bond et suivirent leur chef. Il ne fallait pas compter sur les ténèbres pour surprendre l’ennemi : une lune à peine écornée se levait à l’autre rive du Grand Fleuve. Elle apparaissait tantôt toute rouge au ras des îles, tantôt rompue par quelque file de hauts peupliers, à travers lesquels elle s’éparpillait en lunules ; ailleurs, elle s’enfonçait dans les flots noirs, où son image vacillante parfois rappelait un étincelant nuage d’été, parfois rampait comme un python de cuivre, ou s’allongeait ainsi qu’un cygne ; une nappe d’écailles et de micas s’élançait de son orbe et s’évasait obliquement d’une rive à l’autre.

Les Oulhamr accélérèrent d’abord leur marche, choisissant des terrains où les végétaux étaient courts. À mesure qu’ils approchaient du campement des Kzamms, leurs pas se ralentirent. Ils circulaient parallèlement les uns aux autres, séparés par des intervalles considérables,