Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/200

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Velus, les menaçant du propulseur. Quand il les jugea assez proches, il obliqua vers le nord, dépassa leur droite et prit son galop vers la rivière… Aghoo comprit. Il poussa une clameur de lion et se rejeta avec Roukh au secours du blessé. Dans son désespoir, il atteignit une vitesse égale à celle de Naoh. Mais cette vitesse dépassait sa structure. Le fils du Léopard, mieux construit pour l’élan, reprit l’avantage. Il arriva près du roc avec trois cents pas d’avance et se trouva face à face avec le troisième frère.

Celui-ci l’attendait, formidable. Il lança une sagaie. Mal d’aplomb, il manqua le but, et déjà Naoh fondait sur lui. La force et l’adresse du Velu étaient telles que, malgré sa jambe engourdie, il eût broyé Nam ou Gaw. Pour combattre le grand Naoh, il exagéra son élan : le coup de sa massue fut si terrible qu’il eût fallu ses deux pieds pour en supporter l’ébranlement, et, tandis qu’il trébuchait, l’arme de son adversaire s’abattit sur sa nuque et le terrassa. Un deuxième coup fit craquer les vertèbres.

Aghoo n’était plus qu’à cent pas ; Roukh, affaibli par le sang qui coulait de sa main, et moins leste, avait cent pas de retard. Tous deux arrivaient au but comme des rhinocéros, entraînés par un si profond instinct de race qu’ils en oubliaient la ruse.

Un pied sur le vaincu, le fils du Léopard attendait, la massue prête. Aghoo fut à trois pas ; il bondit pour l’attaque… Naoh s’était dérobé. Il courait sur Roukh avec une vélocité d’élaphe. En un geste suprême, de sa massue abattue à deux poings, il écarta l’arme que Roukh, maladroitement, levait de sa main gauche, et, d’un choc sur le crâne, il étendit le deuxième antagoniste…

Puis, se dérobant encore devant Aghoo, il cria :

— Où sont tes frères, fils de l’Aurochs ? Ne les ai-je