Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/125

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curs semblèrent eux-mêmes esclaves ; le vainqueur capta jusqu’à la force mystérieuse qui a assemblé les atomes.

— Cette frénésie même annonçait la mort de la terre…, la mort de la terre pour notre Règne ! murmura doucement Targ.

Un frisson secoua sa douleur. Il songea que ce qui subsistait encore de sa chair s’était transmis, sans arrêt, depuis les origines. Quelque chose qui avait vécu dans la mer primitive, sur les limons naissants, dans les marécages, dans les forêts, au sein des savanes, et parmi les cités innombrables de l’homme, ne s’était jamais interrompue jusqu’à lui… Et voilà ! Il était le seul homme qui palpitât sur la face, redevenue immense, de la terre !…

La nuit venait. Le firmament montra ces feux charmants qu’avaient connus les yeux de trillions d’hommes. Il ne restait que deux yeux pour les contempler !… Targ dénombra ceux qu’il avait préférés aux autres, puis il vit encore se lever l’astre ruineux, l’astre troué, argentin et légendaire, vers lequel il leva ses mains tristes…

Il eut un dernier sanglot ; la mort entra dans son cœur et, se refusant l’euthanasie, il sortit des ruines, il alla s’étendre dans l’oasis, parmi les ferromagnétaux.

Ensuite, humblement, quelques parcelles de la dernière vie humaine entrèrent dans la Vie Nouvelle.