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LA MORT DE LA TERRE

métaux, une plaine de désolation étendue jusqu’aux contreforts des montagnes nues, sans glaciers, sans sources, sans un brin d’herbe ni une plaque de lichen. Dans ce désert de mort, l’oasis, avec ses plantations rectilignes et ses villages métalliques, était une tache misérable.

Targ sentit peser la vaste solitude et les monts implacables ; il leva mélancoliquement la tête vers la conque du Grand Planétaire. Cette conque étalait une corolle soufre vers l’échancrure des montagnes. Faite d’arcum et sensible comme une rétine, elle ne recevait que les rythmes du large, émanés des oasis et, selon le réglage, éteignait ceux auxquels le veilleur ne devait pas répondre.

Targ l’aimait comme un emblème des rares aventures encore possibles à la créature humaine ; dans ses tristesses, il se tournait vers elle, il en attendait du courage ou de l’espérance.

Une voix le fit tressaillir. Avec un faible sourire, il vit monter vers la plate-forme une jeune fille aux contours rythmiques. Elle portait librement ses cheveux de ténèbres ; son buste ondulait, aussi flexible que la tige des longues céréales. Le veilleur la considérait avec amour. Sa Sœur Arva était la seule créature près de qui il retrouvât ces minutes subites, imprévues et charmantes, où il semblait que, au fond du mystère, quelques énergies veillaient encore pour le sauvetage des hommes.

Elle s’exclama, avec un rire contenu :