Page:Rosny aîné - La Mort de la Terre - Contes, Plon, 1912.djvu/48

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Des vols d’oiseaux tournoyaient sur la zone rouge ; plusieurs s’avancèrent vers l’escadrille. À cinquante kilomètres de l’oasis, ils affluèrent ; leurs mélopées confirmaient le désastre et prédisaient des secousses imminentes. Targ, le cœur serré, écoutait et regardait, sans pouvoir articuler une parole.

La terre désertique semblait avoir subi la morsure d’une prodigieuse charrue ; à mesure qu’on approchait, l’oasis montra ses maisons effondrées, son enceinte disloquée, les récoltes presque englouties, de misérables fourmis humaines grouillant parmi les décombres…

Soudain, une immense clameur déchira l’atmosphère ; le vol des oiseaux se brisa étrangement ; un effrayant frisson secoua l’étendue.

La planète homicide consommait son œuvre !

Seuls, Targ et Aria avaient poussé un cri de pitié et d’horreur. Les autres aviateurs continuaient leur route, avec la tristesse calme des Derniers Hommes… L’oasis fut là. Elle retentissait de plaintes sinistres. On voyait courir, ramper ou panteler de pitoyables créatures ; d’autres demeuraient immobiles, frappées par la mort ; parfois, une tête sanglante semblait sortir du sol. Le spectacle devenait plus hideux à mesure qu’on discernait mieux les épisodes.

Les Neuf planèrent incertains. Mais le vol des oiseaux, d’abord enfiévré par l’épouvante, s’har-